1er coup de pioche de CEVA: c’est parti pour le chantier du siècle!


     




Près de cent ans après la convention conclue entre le canton de Genève et la Confédération suisse1, le premier coup de pioche du chantier de la liaison ferroviaire Cornavin–Eaux-Vives–Annemasse (CEVA) a été donné ce matin en présence notamment de Madame la Conseillère fédérale Doris Leuthard et du Conseil d’Etat genevois in corpore. La population était également conviée à ce moment historique.

Madame Doris Leuthard, Conseillère fédérale chargée du Département de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC), Monsieur Mark Muller, Président du Conseil d’Etat genevois et de la délégation du gouvernement au CEVA, Monsieur Andreas Meyer, Directeur général exécutif des CFF, ainsi que Monsieur Jean-Jack Queyranne, Président du Conseil régional Rhône-Alpes, ont détruit un heurtoir de voie ferroviaire à la gare de mar- chandises de La Praille. Le geste est important; il symbolise la fin du «cul de sac» entre les ré- seaux ferrés suisse et français de part et d’autre de l’agglomération genevoise. Ce moment fort s’est déroulé devant deux locomotives affrétées pour l'occasion, l'une de 1912 (date de la convention entre Genève et la Confédération1), l'autre flambant neuve construite en 2011.

«Cela fait cent ans que Genève attend ce maillon manquant du réseau ferroviaire franco-suisse. Genevois, Français, Suisses; citoyens, politiciens, acteurs de la vie régionale: au-delà des divergences, nous sommes tous réunis aujourd'hui pour fêter – enfin! – le démarrage de ce chantier du siècle», s'est pour sa part réjoui Mark Muller, Président du Conseil d’Etat genevois. «CEVA va générer une revitalisation du développement urbain dont Genève a grand besoin. Plus de mille logements seront construits autour des gares de Lancy–Pont-Rouge, Genève–Eaux- Vives et Chêne-Bourg.»

Andreas Meyer, Directeur général exécutif des CFF, a quant à lui déclaré: «CEVA est le fruit d’un intense engagement des CFF pour nos clients. Aujourd’hui, ce sont eux les grands gagnants. La réalisation de CEVA va révolutionner la mobilité genevoise. Ce succès montre qu’une coordina- tion transfrontalière est possible.»

A l’occasion d’une conférence de presse tenue juste avant la partie officielle, Philippe Gauderon, responsable CFF Infrastructure et membre de la direction du groupe, a souligné l’importance pour les CFF de la Suisse romande en général et de l’arc lémanique en particulier: «Les CFF se réjouissent de contribuer au développement de la mobilité dans l’une des régions les plus dyna- miques d’Europe, grâce notamment aux travaux de CEVA, à la mise en place du RER franco- valdo-genevois et à l’amélioration des liaisons à grande vitesse avec la France. De plus, en valo- risant leur patrimoine immobilier, les CFF vont également contribuer à la création de logements et au développement économique le long de CEVA. »

Michèle Künzler, Conseillère d'Etat en charge de la mobilité, a remarqué que «le RER franco- valdo-genevois va révolutionner les déplacements à Genève et dans l'agglomération en offrant de nouvelles destinations et des possibilités de déplacement entre quartiers et entre villes nette- ment plus rapides que l'usage de la voiture. CEVA préfigure la volonté du Canton de densifier son réseau ferroviaire régional, tant par l'offre proposée, que par sa couverture.»

Quant à Pierre-André Meyrat, Directeur suppléant de l'Office fédéral des transports (OFT), il s'est dit très heureux de la collaboration et de la solution trouvée avec le canton de Genève pour bou- cler le financement de CEVA sur sol suisse. Concernant la partie du projet en France, «la Confé- dération, représentée par l'OFT, est en discussion avec ses partenaires français en vue de conclure une convention.»

QUE CONSTRUIT-ON?
D’une longueur totale de 16 kilomètres, dont 14 km sur territoire suisse, la ligne ferroviaire CEVA relie Cornavin à Annemasse via cinq gares dont la conception a été confiée au bureau d’architecture Ateliers Jean Nouvel: Lancy–Pont-Rouge, Carouge–Bachet, Champel–Hôpital, Genève–Eaux-Vives et Chêne-Bourg. Le tracé de CEVA est majoritairement souterrain et néces- site la construction de deux tunnels et de plusieurs tranchées couvertes. Deux ponts, l’un sur l’Arve, l’autre sur la Seymaz, viennent compléter les ouvrages à réaliser.

Les travaux de CEVA sont subdivisés en sept secteurs: «Saint-Jean–Jonction» avec en point d’orgue la rénovation du viaduc de la Jonction, «La Praille» avec la station de Lancy–Pont- Rouge, «Carouge–Bachet» avec la station du même nom et le tunnel de Pinchat, «Champel– Hôpital» avec la station et le tunnel du même nom, «Val d’Arve» avec la tranchée et le pont ho- monymes, «Genève–Eaux-Vives» avec la gare des Eaux-Vives et la tranchée couverte

Dans son discours prononcé lors de la cérémonie officielle, la Conseillère fédérale Doris Leu- thard a rappelé que le chantier de CEVA inaugurait une série de grands projets ferroviaires en Suisse romande. Madame Leuthard a souligné la volonté du Conseil fédéral de répondre à la hausse de la demande en transport public.

«Nous devons tous tirer à la même corde. Ce n’est qu’ainsi que nous parviendrons à répondre au défi de la mobilité croissante et à réaliser des projets d’avenir comme CEVA. Des projets coû- teux, mais ambitieux et gages de prospérité», a relevé la Conseillère fédérale.

Théodore-Weber et enfin le secteur «Trois-Chêne» avec la station de Chêne-Bourg et les tran- chées couvertes Frank-Thomas, Gradelle, Foron ainsi que la voie verte. Ces travaux sont plani- fiés sur six ans.

LE CHANTIER
Durant les trois prochains mois, ce sont essentiellement des travaux préparatoires qui seront réalisés. Ils consisteront à préparer la future installation des entreprises de gros œuvre et à dé- vier les réseaux souterrains (eau, gaz, électricité, téléphone, internet, eaux usées). Ainsi, les voies allant de la gare de Genève–Eaux-Vives à la halte de Chêne-Bourg seront enlevées. Le site de La Praille fera également l’objet de déferrage. Sur les sites des Eaux-Vives et du Bachet se dérouleront des travaux de désamiantage et de démolition. A Champel, les lignes de trolley- bus devront être légèrement déplacées pour garantir l'exploitation pendant les travaux et des réseaux souterrains seront déviés, tout comme au Val d'Arve.

Les entreprises de gros œuvre, responsables de la construction des ouvrages à proprement par- ler, investiront les sites de chantier à partir de fin janvier 2012. Ces importants travaux dureront environ quatre ans, tandis que le second œuvre, la charpente et les équipements des gares et ferroviaires, interviendront durant les deux dernières années du chantier. Certains aménage- ments, comme la voie verte, axe de mobilité douce allant de la gare de Genève–Eaux-Vives à la frontière, ne débuteront qu’en 2014.

A relever que les travaux relatifs à la creuse du tunnel de Champel font l’objet d’un effet suspen- sif accordé par le Tribunal fédéral (voir communiqué de presse du 27 septembre 2011). Cela n’empêche toutefois pas de débuter les travaux dans ce secteur, notamment pour la halte.

Le milieu fortement urbanisé dans lequel se construit CEVA a conduit à privilégier des procédés limitant les impacts des travaux, comme par exemple certaines techniques de creuse en souter- rain pour les tranchées couvertes.

RÉAFFECTATION DE LA GARE DE CHÊNE-BOURG
Le chantier concernant le tronçon entre Chêne-Bourg et la frontière française ne débutera pas immédiatement, afin de garantir une utilisation la ligne ferroviaire existante le plus longtemps possible, soit entre 15 et 18 mois après le début du chantier.

La gare des Eaux-Vives sera mise hors service dès le 28 novembre 2011. Un terminus provisoire en gare de Chêne-Bourg sera aménagé pour les voyageurs depuis Annemasse dès le 11 dé- cembre 2011. Un service spécial de quatre trams, coordonné avec les arrivées des trains du ma- tin, de 6h30 à 9h, permettra de gagner le centre-ville directement depuis la gare de Chêne- Bourg.

Durant les deux semaines nécessaires aux travaux d’adaptation de la gare de Chêne-Bourg, un service d'autocars assurera la liaison au départ des gares françaises pour Genève–Eaux-Vives et Rive.

UN VÉRITABLE RER FRANCO-VALDO-GENEVOIS
En connectant les réseaux CFF et SNCF aujourd’hui en «cul de sac» ferroviaires, CEVA, ce «chaînon manquant», permettra de créer un véritable réseau régional (RER) à l’échelle de l’agglomération franco-valdo-genevoise, qui correspondra à la fusion du réseau régional genevois et d’une partie du réseau TER Rhône-Alpes. CEVA couvrira un périmètre situé entre les gares de Lausanne, Bellegarde, Annecy, Saint-Gervais et Evian. Un bassin de population de près d’un million d’habitants se trouvera ainsi connecté sur un réseau ferroviaire de 230 km reliant pas moins de 40 gares en Suisse et en France. Il offrira une alternative à la mobilité automobile individuelle et présentera une colonne vertébrale pour le réseau des transports collectifs. Plus de 120 000 personnes habitent en effet à moins de 500 mètres d’une des futures stations CEVA.

AU PLAN JURIDIQUE
Quatre recours contre CEVA sont pendants devant le Tribunal fédéral. En date du 22 septembre 2011, celui-ci a autorisé le démarrage des travaux sur l'ensemble du tracé, à l'exception de la creuse du tunnel de Champel pour laquelle un effet suspensif a été accordé. La Haute Cour doit encore se prononcer sur le fond des recours. Si elle admet tout ou partie des recours, des mesu- res techniques complémentaires pourraient être nécessaires, sans que cela ne remette en cause le projet. Une décision du Tribunal fédéral est attendue d'ici à l'été 2012.

COÛT ET FINANCEMENT
Le coût du CEVA s'établit à 1,567 milliard de francs suisses, études comprises, financé à hauteur de 55,47% par la Confédération et de 44,53% par le canton de Genève. Ce financement fait l’objet d’une convention entre la Confédération, la République et canton de Genève et les CFF.

La part fédérale, de quelque 869 millions de francs, est assurée par le fonds d’infrastructure (550 millions), complété par divers mécanismes financiers. La part cantonale de la liaison ferroviaire est elle assurée par deux lois cantonales (8719 et 10444) et la part du canton aux plus-values foncières issues de la valorisation des parcelles libérées par la construction des gares en souter- rain. Pour rappel, la loi 10444 relative au crédit complémentaire de CEVA, d’un montant de 113 millions a été acceptée par le peuple genevois à 61,2% en date du 29 novembre 2009.


16/11/2011

Tags : CEVA

Lu 863 fois

Immo-swissnews.ch